dimanche 9 janvier 2011

L'opportuniste.

En ce début d'année,je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un article paru sur le site www.dailynord.fr, un hommage à la fidélité des convictions et à l'éthique personnelle.

" Ils ont marqué 2010: Marc-Philippe Daubresse, le fidèle opportuniste.

Et voilà. Depuis quelques semaines, Marc-Philippe Daubresse n’est plus ministre. Dommage lui qui rêvait tant d’un maroquin. Seulement, voilà, il a préféré reprendre son indépendance. Et suivre Jean-Louis Borloo, tel un fidèle parmi les fidèles. Tout en chipant la place de Thierry Lazaro pour la présidence de l’UMP Nord et s’installant en numéro 2 de l’UMP nationale. Contradictoire ? Non, ma chère madame. Marc-Philippe est comme ça. Fidèle opportuniste. On n’a eu besoin que de l’année 2010 pour s’en convaincre.

C‘est fou ce qu’on apprend en pianotant sur le web. Tenez, en cherchant des infos sur Marc-Philippe Daubresse, vous aurez une chance de tomber sur un drôle de site : Astrothème. Où l’on reprend les thèmes astraux de nos personnalités publiques. Extraits (l’intégralité par là) concernant le député-maire de Lambersart : « C’est le chemin du voyage, du dépassement de soi. Vous savez vous remettre en question, élargir votre horizon et, guidé par une soif d’achèvement, vous cultivez le sens du sacré et du sacrifice. La vie vous apprend à repousser sans cesse les limites de votre ego. »

ACTE 1 : LA FLATTERIE SARKOZYSTE

Ça nous donnerait presque envie de croire à l’astrologie et à la numérologie. Parce qu’il faut bien l’avouer, Marc-Philippe Daubresse est un as de la remise en question, de l’élargissement d’horizon. De quoi repousser les limites de son ego justement. Vous ne nous croyez pas ? Reprenons 2010 qui se termine. Grande année pour le Lambersartois : nommé ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives en mars lors de l’ex-précédent remaniement. Pour quelqu’un qui attendait le maroquin depuis si longtemps après des postes de sous-ministres disent ses détracteurs (au Logement sous Raffarin), c’est une petite consécration. Mais voilà, Marc-Philippe le savait : « Nicolas Sarkozy me l’avait promis », confiait-il sûr de lui à l’époque en disant qu’il était là parce qu’il est Daubresse, centriste et sarkozyste. De l’art de ne fâcher personne et qu’importe si le poste n’est pas très exposé.

D’ailleurs, la Twittosphère s’amuse même du bonhomme : « Les apéros Facebook ont un mérite : on sait maintenant qu’il existe en France un ministre de la Jeunesse, Marc-Philippe Daubresse. » Ça n’aura pas duré bien longtemps. En novembre, le député-maire de Lambersart est débarqué avec ses comparses nordistes Valérie Létard et Jean-Louis Borloo. Et ce n’est pas faute d’avoir flatté la Présidence. En assassinant Villepin par exemple : « »C’est dans une posture totalement politicienne, mélange d’opportunisme et de démagogie, que s’est enfermé Dominique de Villepin à l’occasion du lancement de son parti » (dans le Nouvel Obs). Tout en cirant les pompes de Sarkozy en beauté comme dans cette interview à France Soir : « Nous sommes aujourd’hui dans la situation des marins qui, dans le brouillard, entouraient Christophe Colomb avant qu’il ne découvre l’Amérique !… Ces moments-là sont durs. Si on veut éviter que l’équipage se décourage, il faut lui décrire le Nouveau Monde qu’il va atteindre, et lui rappeler qu’il y a à la barre du pays un homme qui connaît le cap, est volontaire et voit juste. » Une tirade magnifique qui donne la chair de poule…

ACTE 2 : LA FLATTERIE BORLOOESQUE

Mais voilà, les temps changent. Et en septembre, entre deux allers-retours dans sa région en tant que ministre (voir Daubresse, l’homme du vendredi), Marc-Philippe espérait rester un peu à Paris (il avait même rendu sa voiture de fonction lambersartoise, c’est dire : Daubresse : solidarité commence par Lambersart). D’autant que Jean-Louis, son fidèle ami, devait, lui, devenir Premier ministre selon les médias. Alors du coup, en même temps qu’il flattait Sarkozy, Daubresse flattait Borloo, notait-on également dans ses colonnes (Daubresse activement solidaire avec Borloo). Borloo, cet animateur, Borloo, cet homme qui « incarne la suite du film », Borloo « en bon avant-centre », l’ancien chasseur de tête connaît son affaire et se dépense sans compter pour son ami intime. Pas de pot, François Fillon a bien joué le coup et c’est finalement le Sarthois qui est resté à la tête du gouvernement. Exit Borloo et exit Daubresse. Déçu ? Même pas. Le Lambersartois a fait ses cartons en un quart d’heure (fichtre, il devait en avoir des dossiers !) et ça ne lui fait pas grand chose de quitter le gouvernement. Et le voilà qui confie même que c’est lui qui l’a décidé : « Il (Jean-Louis Borloo) m’a demandé mon avis, je lui ai dit que je serai solidaire de sa décision et que je ne participerai pas non plus à la nouvelle équipe » (La Voix du Nord). Parce qu’il y avait une place pour lui ? Ça, forcément,on ne le saura jamais, vu qu’on n’est pas dans les petits papiers de l’Elysée…

ACTE 3 : LA FLATTERIE UMPISTE

On pensait alors que l’ex-ingénieur prendrait un peu plus ses distances avec l’UMP, à l’instar de son « ami » Borloo, désormais député apparenté. Un peu quand même ? Que nenni. Car dans la foulée se profilait l’affrontement Daubresse-Lazaro à la tête de la Présidence de l’UMP Nord. Victoire de Daubresse par KO. Marrant pour quelqu’un qui n’est plus trop en phase avec le parti. Mais ce n’est pas tout : car Daubresse s’est aussi offert un nouveau strapontin. Numéro 2 de l’UMP au niveau national auprès de Jean-François Copé. De l’art de bien se replacer et bien mieux que ministre d’ailleurs. Si, si, c’est encore lui qui le dit : « Être numéro deux du parti, c’est mieux que d’être numéro quinze ou vingt du gouvernement. » Mais attention, ce qu’on ne vous a pas dit, c’est que Daubresse est avant tout un homme de parole. Au point que ça lui « joue des tours d’être trop fidèle », confiait-il à 20 Minutes dernièrement. Avec tout le monde, telle une girouette comme cette année, ça doit être compliqué en effet."


Bien cordialement.

Jérôme ROUSSEL

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire